17 mai 2014

REUNION : À la conquête de Mayotte


Illustrations : LeGi

La Tamponnaise chez les filles et Saint-Pierre chez les hommes tenteront aujourd’hui de décrocher leur billet pour les finalités N3 face au Chicago Mamoudzou et au BC M’tsapéré. Ce serait une bonne idée de faire coup double à un an des Jeux des Îles.
Basket-Ball : barrages de zone
La femme est l’avenir de l’homme. Elle est son exemple à suivre, également. Depuis la dernière olympiade, en 2011, aux Seychelles, les filles du Tampon n’ont jamais tremblé. Toujours elles ont décroché leur billet pour aller représenter la Réunion en métropole, lors des finalités N3. Équilibrant un bilan qui était (trop) souvent contrebalancé par les défaites masculines. La dernière et unique victoire depuis trois ans face aux Mahorais, barrage de zone en coupe de France compris, remonte à 2012 et un improbable tir à trois points de Romuald Tami-Tabeth face au BC M’tsapéré.
Depuis, rien, si ce n’est des regrets et ce constat devenu évidence, inquiétant à un an des Jeux des Îles, qui se tiendront à la Réunion. En ce qui concerne le basket masculin, Mayotte est tout bonnement passé devant. Et court encore loin derrière chez les féminines.
Aujourd’hui, face au Chicago club de Mamoudzou, club créé il y a seulement cinq ans qui s’est assis au sommet du basket local en disposant du BC M’tsapéré, les Tamponnaises seront encore ultra favorites. Malgré les absences d’Isabelle Némorin, qui a fait le déplacement mais avec un genou touché en coupe de la Réunion face aux Aiglons, et d’Evelyne Fari, restée à la Réunion pour s’occuper de son fils, les joueuses de Marc Risacher font figure de lointain objectif pour les Mahoraises. "On ne pense pas à la victoire, expose sans fausse modestie Eugène Fidelice, l’entraîneur de Chicago, un club qu’il a créé et que sa femme préside. Mon objectif c’est de ne pas perdre de plus de 15 points. Nous manquons encore d’expérience."
"Il faut aller au bout"
Ce n’est pas le cas des Tamponnaises, qui n’ont jamais semblé aussi fortes et qui affichent clairement leur ambition d’aller conquérir les finalités N3. Ça passe par Mayotte et un match à prendre au sérieux car comme le rappelle Marc Risacher, "il n’y a pas de petite équipe. Je pars dans l’inconnu mais on s’attend à trouver un basket avec les qualités mahoraises : un basket vif et des filles adroites." Des qualités que retrouveront face à eux les Saint-Pierrois, opposés dans le même gymnase de Mamoudzou aujourd’hui au BC M’tsapéré. Eux aussi partent dans l’inconnu face à une équipe qui compte dans ses rangs trois Suisses, dont un qui culmine à 2,09 mètres. Un obstacle de taille que les hommes de Daniel Doro sont là pour croquer.
Libérés par leur victoire en championnat après laquelle ils couraient depuis six ans, avec deux finales perdues ces deux dernières saisons, ils ne veulent pas stopper leur aventure à Mayotte. "Il faut aller au bout", martèle le coach saint-pierrois. Pour sa ville mais pas seulement. Lui qui a reçu des messages d’encouragement de Georges Assassa, son adversaire en finale du championnat, ou de David Fong-Kiwok lors de la demi-finale de coupe de la Réunion face aux Aiglons, ne jouera pas aujourd’hui seulement pour sa ville, mais "pour la Réunion". "Sans frein, poursuit-il. Ils sont favoris et il faut rester humble. Mais on va essayer de les battre. On sait que ce sera dur mais je pense que tout le monde attend ça. Pendant tout le championnat, on s’est déchiré avec les autres clubs mais tout le monde nous soutient."
Les dames ouvrent le bal
L’union sacrée ne fera pas tout. Pour les Saint-Pierrois, il faudra jouer sans temps-mort, face à des adversaires qui ne baisseront eux pas d’intensité. "Si on baisse de régime, on va perdre", appuie Daniel Doro. Face à une équipe qu’il a pu voir en vidéo, "qui joue plus posé que d’autres équipes mahoraises, ce qui peut mieux nous convenir", il comptera sur tout le monde, sauf Ludovic Aragot, contraint de rester à la Réunion et remplacer par Julien Quéré, arrivé cette saison et qui évoluait en réserve. Il s’appuiera surtout sur Salomon Alao, sa recrue nigériane, qui a "stabilisé l’équipe. C’est un meneur d’homme. Pas dans la parole mais dans les actes." Ce qui parle le plus et qui leur a permis de reprendre goût à la victoire. Pour "inverser la dynamique, comme l’appelle de ses vœux Marc Risacher. Saint-Pierre est une équipe complète et je leur souhaite de gagner. Avant (quand les clubs réunionnais gagnaient) on faisait les fanfarons mais aujourd’hui il ne faut pas non plus partir dans tout le contraire." Preuve en est apportée par ses filles, qui lanceront les hostilités dans une ambiance survoltée aujourd’hui à 17 heures (18 heures Réunion) alors que les garçons tenteront de leur emboîter le pas deux heures plus tard. Pour marcher dans leurs traces conquérantes.
De Mamoudzou
Hervé Brelay