15 juin 2008

TUNISIE : En marge du doublé de l’ES Cap Bon - Wafa Bettaïeb, présidente du club :

«Les joueuses ont appris ensemble»

L’ES Cap Bon est un des derniers-nés du basket-ball féminin. Depuis, ce club n’a pas cessé de progresser, tant au niveau de sa gestion courante que de celui des résultats sportifs. Jeunesse est aussi un leitmotiv au sein de cette association qui est dirigée par la plus jeune présidente en exercice, Wafa Bettaïeb, à la tête du club depuis sa création en 1993.

Dans quel contexte ce club a-t-il été créé ?

Au départ, en 1991, il s’agissait d’un centre de promotion de gymnastique. Par la suite, grâce à la précieuse aide de M. Hamadi Atrous, alors président de Grombalia Sports, nous en avons fait un club civil. D’ailleurs, dès la saison 1993-1994, nous avons été couronnés en gymnastique champions de Tunisie chez les jeunes du 1er degré.

Et le basket-ball dans tout cela ?

En 1994-1995, le Stade Nabeulien a dissous sa section féminine de basket-ball. Nous nous sommes alors engouffrés dans la brèche pour nous en occuper et avons commencé par rassembler les ex-joueuses du SN, tout en mettant sur pied deux nouvelles sections pour les écoles et les minimes. Au cours des premières années, nous perdions systématiquement avec les seniors, mais avec les jeunes nous obtenions des résultats très encourageants.

Comment s’est faite la percée au niveau de l’équipe senior ?

Il nous a fallu attendre environ 5 ans pour voir les plus jeunes accéder à la catégorie des cadettes, après un travail de formation assez satisfaisant. Elles ont été surclassées pour évoluer avec les seniors. C’est de cette manière que le groupe s’est forgé. Après les larges défaites, nous perdions par des écarts de plus en plus minimes. Entre-temps, le club avait accédé en nationale A pour poursuivre son apprentissage. Depuis le début de notre parcours, l’ossature de l’équipe est restée la même que celle qui vient de remporter le doublé cette saison. C’est la génération des Chelli, Gannar, Ben Ameur, Ladhib, Tanazefti, etc. Il y a beaucoup de complicité entre ces joueuses qui ont tout appris ensemble. D’ailleurs, la bonne ambiance qui règne, fait que les joueuses ne ratent pas les entraînements, où qu’ils se déroulent. A ce propos, je ne peux passer sans remercier M. le Maire de Nabeul, M. Moncef Sidhom, qui nous a beaucoup aidés à nos débuts.

Que pensez-vous de la politique de recrutement tous azimuts ?

A l’ESCB, nous ne l’avons pas suivie. Notre règle est de puiser dans notre vivier. Cette saison, toutes les catégories de l’ES Cap Bon ont terminé la phase initiale à la première place. Les écoles A et B, les minimes A joueront les demi-finales ; les juniors la finale. A ce jour, l’ESCB a remporté 45 titres chez les jeunes, toutes catégories confondues, sans compter les coupe fair-play de Monsieur le Président de la République en 2000 et de la FTBB, en 2001. C’est dire si la formation a de l’importance dans notre club. Il faut aussi une politique conforme aux moyens financiers du club. L’appel à une joueuse étrangère cette année est un recrutement vraiment ciblé qui a permis d’apporter un plus grand équilibre à l’ensemble et les résultats se sont immédiatement fait sentir.

Travail de groupe

Le départ de certaines joueuses de base du CSS, telle que Faïza Soudani ou Fatma Barkallah et l’étape de transition par laquelle passe ce club ne vous ont-ils pas facilité la tâche ?

Je ne le pense pas. Nous avons déjà battu le CSS alors que ces joueuses étaient encore en activité. Le CSS est un grand club et la relève y est assurée. Cette année, bien des choses ont changé positivement au sein de l’ESCB, cela a poussé l’équipe vers le devant de la scène. Il y a d’abord l’encadrement de l’équipe par des personnes qualifiées et dévouées. Et là, je pense particulièrement à messieurs Lotfi El Benna et Hamadi Ben Zayed. Ensuite, l’apport de Maya Tereira, pivot de métier, n’est pas négligeable. Ce recrutement a coïncidé avec l’éclosion définitive du groupe qui commence à parvenir à maturité. Le travail de groupe a finalement payé.

Votre satisfaction est donc grande ?

Et comment ! Après toutes ces années de sacrifices, notre bonheur ne s’en trouve qu’hypertrophié. Cela fait quinze ans que nous travaillons, sans avoir jamais pensé baisser les bras. Ma satisfaction est d’autant plus grande qu’une nouvelle génération est en train de pointer le bout de son nez. Celle des Ghalleb, Hamrouni, Zineddine, Ben Naceur, Meftah et S. Ladhib.

Les garçons ne sont plus les seuls porte-drapeaux du basket-ball nabeulien et capbonais. Les filles font désormais acte de présence et il faudra compter avec elles, surtout si elles bénéficient d’une sollicitude adéquate. Aussi, voudrai-je profiter de cette occasion pour exprimer ma considération envers les autorités locales de Nabeul, notamment M. le gouverneur, M. Lamine El Abed et la déléguée des sports, Mme Fatma Rouissi. Il y a aussi M. Lotfi Mhirsi qui nous a toujours facilité la tâche pour les déplacements de l’équipe. Le concours de toutes les bonnes volontés ne nous sera pas de trop. Nous avons atteint un palier, nous avons besoin de tout le monde pour y rester.

Propos recueillis par Camélia TEBBI